Chère lectrice, cher lecteur,
L’ananas est un fruit que j’aime particulièrement, même si j’en mange de façon assez coupable.
En effet, j’ai pour habitude de manger des fruits locaux, et qui n’ont donc pas été ionisés pour leur transport par avion ou par mer.
Toutefois, je fais une exception pour l’ananas, car il est très bien protégé durant son transport.
Surtout, sa peau épaisse évite de laisser trop passer les pesticides, dont sa chair est d’habitude épargnée.
Mais l’ananas est également plus sucré au goût que réellement riche en sucre (seulement 10% de son poids).
Cela en fait donc un fruit particulièrement recommandé si vous voulez arrêter les sucreries telles que les gâteaux, les bonbons, les crèmes glacées et les folles envies de chocolat.
Il contient une bonne dose de vitamine C, bonne pour la forme et la santé, ainsi que de bêta-carotène, indispensable pour conserver une bonne vue.
En plus, il est riche en potassium et en manganèse. Or s’il y a deux oligo-éléments presque toujours négligés, c’est eux !
Le potassium est absolument essentiel à la bonne santé de vos cellules, car sans lui, les processus chimiques internes ne peuvent avoir lieu.
Quant au manganèse, il est nécessaire pour éviter l’usure de vos cellules, car le travail antioxydant ne peut se faire sans lui.
De plus, des carences en manganèse causent de la dépigmentation de la peau et une fragilisation importante du système nerveux.
Mais il y a un ingrédient de l’ananas qui a des propriétés si intéressantes qu’il est envisagé pour les protocoles anti-cancer et contre TOUS les problèmes cardiovasculaires.
L’ananas pousse aussi près de chez vous !
On pense trop souvent qu’il est impossible de trouver de l’ananas qui n’a pas été trop traité sous nos latitudes – c’est faux.
Car nous partageons une longue histoire avec l’ananas.
Ce fruit qui ne ressemble à aucun autre est mentionné pour la première fois dans la littérature européenne par Michele da Cuneo, l’un des compagnons de Christophe Colomb, lors de son 2e voyage, à la toute fin du XVe siècle.
À l’époque, en Guadeloupe, les habitants offraient une tranche d’ananas en guise de cadeau de bienvenue pour les navigateurs, afin qu’ils se désaltèrent.
Ils en accrochaient même à l’entrée de leurs huttes, en signe d’hospitalité !
Ensuite, les Européens, en explorant l’Amérique, remontèrent jusqu’à la source de l’ananas, dans les épaisses jungles du Paraguay.
En effet, le mot provient du Tupi-Guarani. Son nom originel est nana nana, qui signifie « parfum des parfums ».
Ce sont les Portugais qui en ont étendu la culture partout dans le monde. Les Hollandais ont été les premiers à le cultiver sous serre dès la fin du XVIIe siècle.
En France, sa culture à titre commercial a commencé dès 1718, dans la région de Bordeaux[1]. Hélas, les hivers mauvais de 1879 et 1880, où il fit jusqu’à -22°, ont vraisemblablement eu raison de ces cultures.
Cela n’empêche pas qu’ils soient toujours cultivés en France, par exemple, assez récemment, dans le Morbihan. Et les fruits sont tout aussi goûteux que ceux des pays tropicaux !
D’ailleurs, cette culture bretonne se fait en extérieur ! Il suffit au jardinier de déplacer les pousses sous serre l’hiver, et de les ressortir à la belle saison, pour les faire s’épanouir !
Une joyau santé au cœur de votre ananas
Les Amérindiens avaient déjà repéré les qualités médicinales de l’ananas. Les Indiens caraïbes les utilisaient pour guérir les plaies.
Les Mexicains l’employaient pour guérir de la bronchite, les habitants de l’actuel Vénézuéla s’en servaient pour les irritations de la gorge – et au Brésil, contre la toux.
Aujourd’hui encore, on utilise la sève des tiges d’ananas pour nettoyer les brûlures et les plaies et pour faciliter la digestion.
C’est en 1876 que les Européens découvrent la molécule qui est la cause des vertus curatives de l’ananas : la broméline. Mais il fallut attendre les années 1960, pour qu’on lui trouve une utilité systématique.
En effet, depuis lors, on utilise surtout la broméline pour attendrir la viande. C’est aussi ce qui explique les recettes de viande à l’ananas.
Mais attention ! il faut que l’ananas soit frais. Si vous mangez de l’ananas en conserve, il a été pasteurisé, et cette enzyme se sera trop dégradée pour vous être utile.
Et pourtant, les propriétés de la broméline sont très encourageantes pour l’avenir, surtout pour traiter les maladies chroniques, telles que :
- L’arthrose
- Le cancer
- Les douleurs post-opératoires
- Les problèmes cardiovasculaires
L’ananas contre les douleurs de l’arthrose
De nombreuses études ont été menées dans les années 60 et 70 pour évaluer l’efficacité des supplémentations en broméline sur les inflammations causées par la chirurgie, et même les hématomes et les contusions[2]. Les résultats sont corroborés par des études plus récentes[3].
Il n’est donc pas étonnant que ses qualités anti-inflammatoires aient été testées, avec succès, sur l’arthrose.
La broméline a été utilisée dans un cocktail d’enzymes qui s’est montré tout aussi efficace qu’un médicament standard (le diclofénac), pour réduire la douleur et l’inflammation des arthroses au genou[4].
Alors, évidemment, les anti-inflammatoires ne réduisent que la douleur et ne soignent pas vos articulations.
Toutefois, prendre des anti-inflammatoires les plus naturels possibles reste une priorité, même dans la lutte contre la douleur seule.
La broméline est donc l’anti-inflammatoire naturel le plus recommandable pour apaiser les douleurs aux articulations. Toutefois, si vous voulez vraiment réparer vos articulations, je vous conseille de vous reporter aux articles que j’ai écrits sur la question, directement sur mon site.
Il nettoie même vos artères !
La broméline, cette enzyme curative propre à l’ananas, a des effets étonnants, notamment sur votre circulation sanguine et sur votre santé cardiovasculaire.
Ainsi, elle minimise la gravité de l’angine de poitrine et de l’attaque ischémique transitoire. Elle décompose aussi les plaques de cholestérol ![5]
La broméline a montré son efficacité dans le traitement des maladies cardiovasculaires car elle est un inhibiteur de l’agrégation plaquettaire sanguine.
Ainsi, il est démontré depuis près de 50 ans qu’elle minimise le risque de thrombose et d’embolie artérielle[6]. Dommage qu’on n’en parle pas plus !
Bientôt un traitement anti-cancer à base d’ananas ?
La broméline est d’autant plus étudiée ces dernières années qu’elle offre des vertus anti-cancer étonnantes.
Ainsi, elle agit pour rendre les tumeurs moins malignes, en agissant directement sur les cellules et leur environnement. Elle module les systèmes immunitaires, inflammatoires et sur la capacité à freiner les hémorragies[7].
Chez les souris, des chercheurs ont même réussi à causer l’apoptose – le « suicide » d’une tumeur maligne, grâce à la broméline[8].
Dans cette lignée, la plupart des études faites sur les souris ont montré une réelle efficacité de la broméline comme traitement anticancer.
Ceci est d’autant plus encourageant que la broméline n’est absolument pas toxique !
Alors, regardez-vous encore votre ananas de la même façon ? Et s’il n’était pas, lui-même, la plus délicieuse des armoires à pharmacie ?
Marc Turenne
Sources
[1] https://www.sudouest.fr/2011/04/05/ananas-a-la-bordelaise-362186-2780.php?nic
[2] MacKay D, Miller AL. Nutritional support for wound healing. Altern Med Rev. 2003 Nov;8(4):359-77.
[3] Hoernecke R, Doenicke A. Peri-operative enzyme therapy: a useful complement to the post-operative pain treatment. Anaesthesist 1993;42:856–61. Étude mentionnée dans : Kelly GS. Bromelain: A Literature Review and Discussion of its Therapeutic Applications. Alt Med Rev 1996;1(4):243-257.
[4] Akhtar NM, Naseer R, Farooqi AZ, Aziz W, Nazir M. Oral enzyme combination versus diclofenac in the treatment of osteoarthritis of the knee—a double-blind prospective randomized study. Clinical Rheumatology. 2004;23(5):410–415.
[5] Biotechnol Res Int. 2012, Properties and Therapeutic Application of Bromelain: A Review Rajendra Pavan, Sapna Jain, Shraddha, and Ajay Kumar*
[6] Heinicke RM, van der Wal L, Yokoyama M. Effect of bromelain (Ananase) on human platelet aggregation. Experientia. 1972;28(10):844–845.
[7] Chobotova K, Vernallis AB, Majid FAA. Bromelain’s activity and potential as an anti-cancer agent: current evidence and perspectives. Cancer Letters. 2010;290(2):148–156.
[8] Béez R, Lopes MTP, Salas CE, Hernández M. In vivo antitumoral activity of stem pineapple (Ananas comosus) bromelain. Planta Medica. 2007;73(13):1377–1383.
L'ananas anti-cancer ? Une réalité méconnue