Chère lectrice, cher lecteur,
Les condiments, c’est succulent. Mais en trouver des bons pour la santé, ou du moins qui ne soient pas trop mauvais pour l’organisme n’est pas simple.
Surtout quand ils sont abondamment accompagnés de conservateurs plus chimiques (et donc potentiellement toxiques) les uns que les autres !
C’est pour cela que je voudrais vous entretenir aujourd’hui d’un mets de la cuisine méditerranéenne trop souvent sous-estimé et dont, pourtant, les qualités médicinales ont été reconnues dès la plus haute Antiquité :
Les câpres.
Cela peut vous sembler peu de chose, mais les câpres ont des qualités auxquelles personne ne pense d’habitude.
C’est d’autant plus regrettable que la grande distribution a décidé d’en augmenter le coût déraisonnablement, si bien que le prix des pots a doublé en 5 ans, sans aucune raison viable.
C’est fort dommage de faire de ce produit un luxe, alors que chacun gagnerait à lui faire une place dans son assiette !
Car les câpres sont :
— Antidouleurs
— Protecteurs du foie
— Protecteurs des nerfs
— Anti-âge
— Anticancer
— Et enfin, antidiabétiques !
Voilà pourquoi ils sont considérés comme des aliments médicaments depuis les temps anciens.
Les câpres, remède ancestral
L’archéobotanique a trouvé des traces des câpres dans la région méditerranéenne depuis le mésolithique[1]. Cela signifie qu’avant même que l’espèce humaine ne se soit sédentarisée, elle mangeait déjà des câpres.
Il était utilisé en Grèce ancienne comme carminatif. Des auteurs célèbres (les Déipnosophistes, Pline l’Ancien et Théophraste) l’avaient en haute estime. Son nom serait apparenté à celui de Chypre, où l’on trouve le fruit en abondance.
L’Ancien Testament lui prêtait des vertus aphrodisiaques, lui donnant un nom apparenté au désir – comme les Grecs, puisque Chypre était connue pour être l’île de la déesse de l’amour, Aphrodite.
On retrouve aussi ce fruit dans le célèbre livre de recettes du romain Apicius.
Des antibiotiques naturels ?
Les qualités antimicrobiennes des câpres ont été éprouvées scientifiquement : ils empêchent le développement des biofilms, ces couches de bactéries qui s’étendent sur les surfaces à l’air libre.
Ainsi, ils inhibent même le développement d’une bactérie potentiellement mortelle comme la E. Coli. Ils réduisent aussi la mobilité de nage et d’essaimage des bactéries pathogènes.
Des extraits hydroalcooliques de câpres à 80% ont prouvé leur efficacité même contre le staphylocoque doré.
Pareillement, ces extraits se sont montrés plus efficace encore pour ralentir la croissance des micro-organismes que l’amoxicilline et la ciproflaxine, pourtant des antibiotiques largement employés.
Les câpres sont également efficaces contre le candida albicans et d’autres champignons microscopiques particulièrement invasifs tel que l’aspegillus flavus, un champignon qui favorise l’apparition des cancers.
Son pouvoir antioxydant, c’est-à-dire capable de nettoyer les cellules de la rouille qui les corrode (les radicaux libres) en fait un aliment anticancer et antiâge de choix.
Les câpres protègent votre foie
Les extraits méthanoliques de feuilles et de fruits de câpre protègent à ce point le foie qu’ils sont capables d’arrêter l’extension des lésions hépatiques en augmentant les niveaux d’enzymes de détoxication de phase I.
Récemment, deux chercheurs ont étudié en 2020 l’effet de l'extrait aqueux des câpres sur deux enzymes de détoxication pour contrer l’effet du paracétamol, connu pour causer des dommages importants au foie[2].
Les câpres ont ainsi réussi à contrer l’effet nocif du paracétamol, qu’il ait été administré avant ou après l’extrait de câpres.
Les niveaux de glutathion, l’antioxydant surpuissant produit par le foie, mais dont le paracétamol inhibe la production, ont augmenté de moitié lors de l’injection simultanée avec le paracétamol, et jusqu’à 40% après injection du paracétamol.
Ceci est très encourageant et qui sait ? On donnera peut-être à l’avenir de petits extraits de câpres pour compenser les dommages des antidouleurs !
Un anticancer et un anti-Alzheimer dans une si petite boule ?
Une étude de 2010 avait montré, déjà, l’efficacité des extraits de câpre contre une cellule de cancer gastrique humain[3].
D’autres essais similaires ont montré une activité anticancer tout à fait concrète, et les isothiocyanates de câpre sont bien connus comme agents préventifs du cancer.
Les câpres ont également un effet neuroprotecteur, grâce à leurs qualités anti-inflammatoires, particulièrement au niveau cérébral.
Ainsi, ils augmentent les médiateurs anti-inflammatoires (IL-10) et réduisent les médiateurs inflamatoires (TNF-α, IL-1β) dans les troubles cognitifs induits par les lipo-polysaccharides[4].
Une autre étude a démontré que les câpres réduisaient la dégérescence de l’hippocampe et la baisse des capacités d’apprentissage et de mémorisations qui s’en suivent chez les rats[5].
Les câpres pourraient ainsi avoir un effet préventif contre la dégénérescence des fonctions intellectuelles.
Surtout, l’extrait de câpre a démontré une capacité de régulation des gènes impliqués dans l’inflammation propre à la maladie d’Alzheimer. Cela serait dû au niveau élevé de flavonoïdes dans la plante[6].
Une telle vertu neuroprotectrice permet d’imaginer que les câpres pourraient prévenir la maladie d’Alzheimer et potentiellement d’autres maladies liées à la démence, surtout dans les pays ayant le moins accès aux médicaments.
Les câpres contre le diabète
Les propriétés antidiabétiques des extraits de câpres sont remarquablement documentées, notamment ses effets antihyperglycémiques.
L'extrait hydroéthanolique de câpres a produit une réduction significative de la glycémie à jeûn chez les rats diabétiques de type 2, montrant des résultats de 16 % à 20% meilleurs que la streptozotocine (STZ).
Les câpres ont également montré des résultats égaux à la metformine, le médicament le plus utilisé contre le diabète afin de réduire la glycémie et la résistance à l’insuline.
Une étude de 2013 a évalué l’effet antihyperglycémique des câpres chez les patients atteints de diabète de type 2. Les résultats ont montré une réduction significative des taux de glycémie à jeûn et d’hémoglobine glyquée.
Dès lors, les câpres représentent un élément de plus, et parfaitement naturel dans la lutte contre le diabète.
Comment manger ces délicieux médicaments ?
Le problème des câpres, si j’ose dire, est qu’ils se marient merveilleusement avec la mayonnaise et les fromages à pâte molle (comme une burrata par exemple).
Je ne saurais vous conseiller de consommer quotidiennement des mets aussi nocifs… Mais vous pouvez les ajouter dans une salade de tomate par exemple, et surtout, dans n’importe quelle préparation vinaigrée.
Veillez seulement à ne pas abuser des câpres au sel : cela fait beaucoup de sel pour bien peu de câpres.
Il se trouve que les câpres servent à la fabrication de médicaments et de cosmétiques tels que la gatuline. A cette occasion, ils servent d’anti-âge, protègènt la peau et réduisent les inflammation.
Enfin, dernière bonne nouvelle, ils sont plutôt bien absorbés par l’intestin, ce qui en fait un médicament naturel parfaitement viable.
Si ce n’était leur prix devenu un peu extravagant, j’en mettrais un peu partout, mais si vous passez vos vacances dans le sud, vous verrez qu’ils sont beaucoup plus accessibles.
Régalez-vous bien !
Marc Turenne
Sources
[1]Archaeobotany of capers, Vegetation History and Archaeobotany 11(4):295-314,
December 2002
[2]Ali Al-Nuani R. M., Kadhim N. J. (2020). The Effect of Capparis Spinosa L. Plant on the Cytochrome and Glutathione to Reduce the Hepatotoxicity Induced by Paracetamol in Mice. J. Phys. Conf. Ser.
[3]Yu L., Xie L, Ji Y. (2010). Preliminary Study on Apoptotic Effect Induced by N-Butanol Extract in Capparis spinosa L. on SGC-7901," in 2010 4th International Conference on Bioinformatics and Biomedical Engineering.
[4]Rahimi V. B., Rajabian A., Rajabi H., Vosough E. M., Mirkarimi H. R., Hasanpour M., et al. (2020). The Effects of Hydro-Ethanolic Extract of Capparis Spinosa (C. Spinosa) on Lipopolysaccharide (LPS)-induced Inflammation and Cognitive Impairment: Evidence from In Vivo and In Vitro Studies. J. Ethnopharmacol.
[5]Goel A., Garg A., Kumar A. (2016). Effect of Capparis Spinosa Linn. Extract on Lipopolysaccharide-Induced Cognitive Impairment in Rats.
[6]Mohebali N., Shahzadeh Fazeli S. A., Ghafoori H., Farahmand Z., MohammadKhani E., Vakhshiteh F., et al. (2018). Effect of Flavonoids Rich Extract of Capparis Spinosa on Inflammatory Involved Genes in Amyloid-Beta Peptide Injected Rat Model of Alzheimer's Disease. Nutr. Neurosci
Les gourmandises estivales de Marc Turenne #4 Les câpres : vous ne voudrez plus vous en passer